Quels sont les personnes à risque dans le tableau de la fibromyalgie ?
Les causes de la fibromyalgie sont encore incertaines. Des populations à risque ont cependant été détectés. Ainsi, certaines personnes ont plus de risques de développer un syndrome fibromyalgique :
- Les femmes sont quatre fois plus touchées que les hommes, influence quasi certaine des hormones sexuelles. Nous y reviendrons plus en détails.
- Les personnes qui ont connu la fibromyalgie ou la dépression dans leur cercle familial. Attention cependant, le rôle de l’hérédité n’a pas été formellement démontré.
- Les personnes qui présentent des troubles du sommeil, en particulier en lien avec le syndrome des jambes sans repos ou des spasmes musculaires.
- Les personnes qui ont été victimes de choc physique ou émotionnel à l’instar d’un accident traumatisant, d’un accouchement compliqué ou encore de sévices durant l’enfance ou l’adolescence.
- Les personnes atteintes de polyarthrite rhumatoïde, d’une spondylarthrite ou d’une autre maladie rhumatismale.
Des facteurs aggravants sont suspectés d’accentuer les manifestations de la fibromyalgie. C’est le cas du manque d’activité physique mais également d’un excès, d’une tendance aux pensées catastrophistes, de l’exposition à des produits polluants sur le long terme. La liste n’est pas exhaustive mais ces trois facteurs sont les plus souvent relevés dans la survenue ou l’aggravation des symptômes.
Quel est le rôle des hormones dans la fibromyalgie ?
Une étude publiée dans le Scandinavian Journal of Rheumatology* a permis de mettre en évidence le rôle des hormones dans le syndrome fibromyalgique. Les scientifiques se sont notamment penchés sur le lien entre les événements de reproduction chez la femme et les modifications du taux d’hormones sexuelles. L’idée était de démontrer en quoi et comment ces deux critères propres à la femme influencent le développement du syndrome fibromyalgique.
En incluant 26 patientes atteintes de fibromyalgie, les scientifiques ont pu passer au crible différentes périodes de vie à savoir la grossesse, le cycle menstruel, l’allaitement, la fausse-couche, la prise de contraceptifs par voie orale. 25 participantes sur 26 ont ainsi affirmé ressentir des symptômes aggravés au cours de la grossesse et notamment des trois derniers mois. 14 participantes ont également été mises en arrêt maladie dans les six mois qui ont suivi leur accouchement, motivé par des symptômes insupportables et notamment une fatigue chronique invalidante.
Cette étude démontre également que le post-partum et la dépression peuvent aggraver ou déclencher la fibromyalgie.
Bonne nouvelle cependant, même en présence d’une mère fibromyalgie, la santé du nouveau-né n’est pas impactée.
Vous le constatez, il est évident que le cycle reproductif chez la femme aggrave les symptômes. Mais le rôle précis des hormones dans la survenue du syndrome, comme cause de la fibromyalgie manque encore de certitudes. À n’en pas douter que les études vont se multiplier ces prochaines années.
Des douleurs chroniques vives lors du cycle menstruel
Une étude publiée dans la revue Pain** a évalué la douleur ressentie par 36 femmes fibromyalgiques lors de règles douloureuses et 30 utilisatrices de contraceptifs par voie orale. Une majorité de patientes révèlent une sensibilité accrue et des manifestations de la fibromyalgie plus importantes lors du syndrome prémenstruel ou de l’apparition des règles. L’étude met également en avant des pics de douleurs ressentis lors de la phase folliculaire. La phase lutéale ne semble, elle, pas entraîner de douleurs majorées chez les patients qui utilisent des contraceptifs oraux.
À la lumière de cette étude il apparaît comme certain que les niveaux d’hormones influencent grandement la perception de la douleur, troubles musculo-squelettiques en tête. D’autant plus que l’on sait l’hypersensibilité aux stimuli des patients atteints de fibromyalgie. Il semble donc logique que les stimuli douloureux entraînent un inconfort plus grand, voire difficilement supportable pour les femmes qui présentent des règles douloureuses.
La ménopause comme facteur favorisant l’aggravation de la fibromyalgie
Autre étude, autre cas de figure proprement féminin. Selon une étude publiée dans la revue Clinical Rheumatology***, les douleurs et la fatigue permanente ressenties après la ménopause seraient plus importantes. 115 patientes fibromyalgiques de 55 ans en moyenne, toutes ménopausées et 67 patientes souffrant d’arthrite rhumatoïde (PR) ont ainsi été incluses dans l’étude. La ménopause était survenue avant 45 ans chez 38,3% des fibromyalgiques contre seulement 13,4% des femmes souffrants de polyarthrite rhumatoïde. De même, 16,5% des fibromyalgiques avaient dû subir une hystérectomie contre 6% des patientes souffrantes de PR. D’une manière plus générale, la ménopause comme l’hystérectomie seraient des facteurs de prévalence de la fibromyalgie ou des causes aggravantes.
Oui, la fibromyalgie touche très largement les femmes. Mais ne créons pas trop de raccourcis en laissant les hommes fibromyalgiques sans diagnostic. Le syndrome n’est pas exclusivement féminin, hommes comme femmes peuvent être touchés et bénéficier d’une prise en charge globale. À la clé, une amélioration de la qualité de vie des patients, induite notamment par la prise de traitements naturels contre la fatigue chronique et la fibromyalgie.
Sources :
- *Scandinavian Journal of Rheumatology 1997 The effect of reproductive events and alterations of sex hormone levels on the symptoms of fibromyalgia.
- **Menstrual cycle modulation of tender points.
- ***Clin Rheumatol. 2009 Increased frequencies of hysterectomy and early menopause in fibromyalgia patients: a comparative study.