Le gingembre en rhumatologie, un anti-inflammatoire historique validé scientifiquement. Le gingembre, fort connu pour ses attraits culinaires, est également un incontournable de la pharmacopée naturelle, et tout particulièrement pour ses effets bénéfiques sur le tube digestif et les rhumatismes.
Plus récemment, cette plante a dévoilé son mode d’action qui passe par une inhibition des facteurs pro-inflammatoires que sont les prostaglandines* et les leucotriènes.
*Les prostaglandines sont des substances à potentiel inflammatoire résultant de la transformation de l’acide arachidonique (un Oméga 6).
Sous l’angle clinique, le gingembre a fait l’objet d’une validation scientifique de son action anti-inflammatoire dans l’arthrose, publiée dans la revue prestigieuse « Arthritis and Rheumatism » lors d’une étude contrôlée « double blind », selon les critères stricts de l’Evidence-Based Medecine (EBM).
Dénominations du gingembre
Le terme « gingembre » est dérivé du sanskrit shringavera, qui signifie « en forme du bois du cerf ». De là sont apparus le grec « ziggiberis » et le latin « zingiber », puis « gingibre » en français, et finalement « gingembre », qui apparaît pour la première fois en 1256 dans un ouvrage écrit.
- Noms communs : Gingembre, épice blanche.
- Nom botanique : Zingiber officinale, famille des zingibéracées.
- Nom anglais : Ginger Officinalis
- Noms chinois : Shen Jiang (rhizome frais), Gan Jiang (rhizome séché).
Botanique
- Famille : zingibéracées
- Partie utilisée : rhizome (partie souterraine noueuse et branchue, improprement nommée racine)
- Habitat et origine : probablement originaire de l’Inde, cette plante vivace tropicale occupe également la Chine depuis environ 6 000 ans, et on la cultive de nos jours sous tous les climats tropicaux.
Historique
Les usages médicinaux du rhizome de gingembre pour le traitement des maux d’estomac, la dyspepsie, la diarrhée, les nausées, les coliques et des douleurs rhumatismales sont aussi répandus que ses usages culinaires depuis plus de 6 000 ans en Asie (Inde, Chine). Selon la médecine traditionnelle chinoise, ladite plante peut également permettre d’éviter les infections du système respiratoire lorsqu’on le prend dès l’apparition des premiers symptômes d’un rhume ou d’une grippe.
Les marchands arabes ont longtemps pratiqué le commerce de l' »épice blanche » entre l’Asie du Sud et la Grèce ou l’Empire romain, selon les époques. Les impôts levés sur ce commerce lucratif représentaient d’ailleurs une part importante des revenus de l’Empire romain. Le gingembre est une des premières épices orientales à faire son entrée en Europe, environ un siècle avant notre ère.
Deux siècles plus tard, le Grec Dioscoride et le Romain Pline l’Ancien en font mention dans leurs écrits médicaux, soulignant ses propriétés carminatives et ses vertus comme antidote contre les poisons.
Il était connu en France et en Allemagne au IXe siècle et en Angleterre au Xe siècle. Dès le début du XVIe siècle, les Espagnols implantèrent le gingembre dans les Caraïbes et le cultivèrent intensivement afin d’alimenter les marchés européens.
Encore de nos jours, la Jamaïque compte parmi les principaux producteurs mondiaux, après l’Inde et la Chine. Ce sont d’ailleurs les Jamaïcains qui ont inventé et popularisé la fameuse bière de gingembre, qui n’a rien à voir avec le soda aromatisé au gingembre (ginger ale) vendu en Amérique du Nord.
Au 21e siècle, on cultive le gingembre dans toutes les régions chaudes de la planète. Tributaires des conditions climatiques, de la nature du sol et des méthodes de culture, la composition et la qualité des rhizomes varient considérablement d’un pays à l’autre, si bien qu’on en est venu à établir une sorte de carte des crus :
- le jamaïcain, réputé pour son arôme délicat et qui se sert surtout frais, dans la cuisine et pour aromatiser diverses boissons. C’est celui-là qu’on est le plus susceptible de trouver dans nos épiceries ;
- l’australien, à saveur nettement sucrée et citronnée, que l’on réserve pour les confiseries ;
- l’africain du Nigeria et du Sierra Leone, plus corsé, possède une puissante saveur camphrée qui en fait un produit de choix pour la production d’huile essentielle et d’oléorésine, dont on tire des arômes employés en cuisine, en parfumerie ou dans les médecines de l’Extrême-Orient ;
- l’indien, à la saveur agréablement citronnée : on le destine surtout à l’exportation, si bien que la plus grande partie de la production de ce pays est déshydratée ;
- le chinois, produit en très grande quantité, mais dont les rhizomes sont généralement écartés de nos marchés du fait qu’ils sont traités au dioxyde de soufre.
Gingembre et rhumatismes
Le gingembre (Zinziber officinalis) est utilisé depuis 6000 ans en médecine Ayurvédique qui décrit le gingembre comme la plante de référence pour combattre les inflammations de toutes natures.
Les propriétés anti-inflammatoires de certains constituants du gingembre sont reconnues depuis fort longtemps et sont bien documentées in vitro.
Le principal composé actif responsable du goût piquant du gingembre frais est le gingérol dont les effets bénéfiques ont été également observés chez l’animal. Ses propriétés anti-inflammatoires et antioxydantes sont bien connues. Durant la déshydratation du gingembre, les gingérols sont convertis en composés nommés shogaols différents des paradols. Les shogaols se retrouvent donc en plus grande quantité dans le gingembre séché ou en poudre que dans le gingembre frais.
Le gingembre inhibe la synthèse de facteurs pro-inflammatoires : prostaglandines et leucotriènes.
Jusqu’à présent, peu de preuves scientifiques permettaient de conseiller son usage. Deux études de cas indiquent que le gingembre est utile pour contrer la douleur associée à l’arthrite rhumatoïde. Chez l’humain, la consommation de gingembre a démontré des résultats prometteurs quant à la diminution des douleurs reliées à l’arthrite (études réalisées à partir de gingembre frais). Des recherches très récentes ont confirmé le caractère anti-inflammatoire des composés du gingembre. En fait, certains chercheurs estiment que le gingembre pourrait faire jeu égal avec des médicaments de dernière génération (coxib). C’est en s’appuyant sur son usage ancestral que des chercheurs ont eu l’idée en 1992 de tester de la poudre de gingembre dans l’arthrose. Après 3 mois d’utilisation, les trois-quarts des patients ont vu leur état s’améliorer. Certains ont poursuivi le traitement à base de gingembre pendant plus de deux ans et demi sans aucun effet indésirable notable.
Une étude clinique contrôlée, en double aveugle, a été récemment publiée dans le journal médical de référence Arthritis and Rheumatism. Les scientifiques ont donné pendant 6 semaines à 247 personnes souffrant d’arthrose du genou, soit du gingembre (extrait de gingembre et de galanga (Alpinia galanga) soit un placebo. Les participants pouvaient prendre un antalgique si les douleurs étaient trop fortes. Les chercheurs ont constaté à l’issue de l’étude que les personnes ayant pris le gingembre, se déplaçaient avec plus de facilité, que leur douleur était moins forte et leur articulation moins raide, que les sujets sous placebo, signe que leur arthrose était grandement améliorée par le gingembre.
Précautions
La consommation de gingembre s’accompagne exceptionnellement d’effets secondaires. Vous pouvez ressentir des brûlements d’estomac si vous prenez plus de six grammes de gingembre séché, sans autres aliments, sur un estomac vide…
Durant la grossesse, l’usage thérapeutique du gingembre doit s’accompagner d’une surveillance médicale.
Le gingembre en grande quantité possède des propriétés modérément fluidifiantes du sang. Si vous suivez un traitement par anticoagulant ou si vous attendez de vous faire opérer, il est recommandé de suspendre la prise de Gingembre 8 jours avant une intervention chirurgicale et ne le reprendre qu’à la fin des traitements anticoagulants.
Conclusion
Le gingembre est la plante de référence pour lutter contre l’inflammation, elle connait la consécration de la validation scientifique de la médecine basée sur les preuves. Au regard de ces données, il apparaît comme un incontournable de la lutte contre les douleurs et la raideur dans l’arthrose, efficacement associée à d’autres éléments naturels tels la glucosamine sulfate, brique essentielle du cartilage et le cuivre oligoélément métal trace aux multiples vertus antiarthrosiques dont le secret du mode d’action est enfin mis à jour.
SIM Labrha