Selon l’enquête réalisée en 2010 par le professeur P. Fardellone, les femmes françaises ont un apport calcique alimentaire moyen de 754 mg par jour, bien inférieur aux besoins naturels journaliers : 900 mg si < 55 ans et 1200 à 1500 mg si > 55 ans.
Plus du tiers ont même un apport inférieur à 600 mg alors que seulement 20 % ont apport journalier de plus d’1 gramme.
Récemment, une controverse est apparue suite à la publication d’un article du Dr MJ. Bolland de l’université d’Auckland, suggérant un sur-risque cardiovasculaire (30 % d’infarctus du myocarde, 15 % d’accidents vasculaires cérébraux !) en cas de supplémentation de 1000 mg par jour de calcium sans vitamine D associée. La polémique vient du fait que le résultat est critiquable sous l’angle méthodologique compte tenu que les risques cardiovasculaires n’étaient pas l’objectif principal et que ces effets secondaires étaient initialement rapportés par les patients.
De plus, une interaction entre l’indice de masse corporelle (IMC) et le risque cardiovasculaire était associée à la supplémentation vitaminocalcique. Cette interaction peut être liée à la plus forte incidence de déficit vitaminique D chez les patients obèses, la graisse se comportant comme un « piège à vitamine D », alors que celle-ci possède probablement un effet protecteur cardiovasculaire.
Dans le même temps, une étude du département de santé publique d’Harvard incluant toutes les études publiées en anglais de 1966 à 2009 semble indiquer que la supplémentation en vitamine D à dose modérée et à haute dose réduise le risque cardiovasculaire alors que la supplémentation calcique seule semble avoir peu d’impact.
Le professeur Abrahamsen, faisant référence à une étude de cohorte de 23615 patients supplétés en calcium et vitamine D ou vitamine D seule montre une diminution de la mortalité de 28 % pour les hommes et de 38 % pour les femmes.
Il est prématuré de conclure mais il apparaît nécessaire de chiffrer l’apport alimentaire en calcium de nos patients et de corriger par un apport vitaminocalcique les patients déficitaires ou carencés notamment après 55 ans (80 % de la population française), âge où les besoins augmentent en lien avec une moins bonne absorption intestinale .
Bien sûr, il n’est pas utile de proposer un complément alimentaire calcique ou vitaminique D chez des patients présentant une ration calcique de plus d’1 g (seulement 20 % de la population française) et au statut vitaminique D correct > 75nmol/l ou 30 ng/ ml (seulement 22 % de la population européenne et nord-américaine).
SIM Labrha – 14 juillet 2011
Bolland MJ et al. Effet of calcium suppléments on risk of myocardial infarction and cardiovascular events:meta-analysis. BMJ 2010;341:c3691
Wang L et al. Systématic review: vitamin D and calcium supplémentation in prévention of cardiovascular events. Ann Intern Med 2010;152(5):315-23
Nurmi-Lüthje et al. Post-hip fracture use of prescribed calcium with vitamin D or viatmin D supplements and anti-osteoporotic drug are associated with lower mortality. A nationwide study in finland. J Bone Miner Rés. 2011; online.