A 20 ans, on a atteint la taille définitive. Le corps grandit de la conception à la fin de la puberté avec un rythme qui varie en fonction de l’âge, du sexe, du capital génétique et de l’environnement. Deux poussées de croissance sont individualisables : les deux années qui suivent la naissance et la période de puberté. Entre ces deux périodes on prend environ 5 cm par an.
A la puberté on peut prendre jusqu’à 10 cm par an. C’est la colonne qui grandit le plus tardivement après les jambes. Le pic de croissance des filles a lieu vers 12 ans quand pour les garçons il se situe à 14 ans. On arrive ainsi en France à une taille moyenne adulte de 163 cm pour les femmes et de 175 cm pour les hommes. Une petite équation permet d’approcher une mesure approximative de taille définitive chez un enfant :
Pour une fille : (taille de la mère en cm + taille du père en cm) / 2 – 6,5 cm
Pour un garçon : (taille de la mère en cm + taille du père en cm) /2 + 6,5 cm
la taille adulte pourrait aussi correspondre au double de la taille qu’on avait à l’âge de deux ans.
A 20 ans, on commence à perdre de la taille
Les os long, une fois leur taille définitive acquise, ne perdent pas de dimension même s’ils subissent tout au long de l’existence un remodelage osseux permanent. C’est par la colonne vertébrale que qu’explique l’éventuelle perte de taille.
Le disque
Le disque intervertébral amortit et répartit les pressions exercées sur les vertèbres. Avec l’âge et l’activité, ce disque s’use, se déchire, se déshydrate et diminue d’épaisseur quand s’installe la discarthrose. Cette dégénérescence discale est un processus de dégradation progressive au cours duquel peut intervenir un accident comme l’apparition d’une hernie discale. La fibrose discale qui s’en suit fait disparaître les fonctions mécaniques primitives et entraîne une perte de hauteur significative représentée par le tassement ou pincement discal radiologique.
Les disques intervertébraux font en effet 20 % de la hauteur totale de la colonne vertébrale. Après 70-80 ans les disques ont perdu 30 % de leur hauteur correspondant à environ 3 mm pour un disque lombaire, 1 mm pour un disque dorsal et cervical. Cette simple déshydratation physiologique est donc à l’origine de la perte naturelle en 6 décennies d’environ 3 cm.
Les muscles
La taille d’un adulte, après la fin de la croissance est due à la longueur des jambes bien sûr, mais aussi au fait que les vertèbres empilées les unes sur les autres sont bien alignées. La colonne est droite avec des courbures harmonieuses et tenue par les muscles du dos et ses antagonistes de la ceinture abdominale. En vieillissant, les muscles se relâchent progressivement entraînant une diminution des rayons des courbures physiologiques génératrice de « tassement » ou, de « rapetissement ». Le dos se voûte et les « reins » se creusent entraînant à leur tour une diminution de la force, de la tonicité et de la flexibilité musculaire générale. Un homme a 40 % de son poids en muscles à 20 ans, il n’en a plus que 30 % à 70 ans. Tout cela entraîne une perte significative de taille au cours des décennies.
Les vertèbres
A l’âge adulte les vertèbres ne perdent pas de leur hauteur en dehors d’un processus pathologique ou traumatique. Il est donc aisé de déterminer radiologiquement l’existence de tassement-fractures de vertèbres selon différents grades :
- Grade 0 : vertèbre normale
- Grade 1 : déformation minime, avec 20 à 25 % de réduction d’au moins une des 3 hauteurs (antérieure, médiane, postérieure) et réduction de 10 à 20 % de la surface.
- Grade 2 : déformation modérée, avec réduction de 25 à 40 % d’au moins une des 3 hauteurs ou de 20 à 40 % de la surface.
- Grade 3 : déformation sévère, avec réduction supérieure à 40 % d’au moins une des 3 hauteurs et supérieure à 40 % de la surface
L’acceptable
Au total une perte de hauteur maximale de 4 à 5 cm au cours des 6 décennies qui suivent l’âge de 20 ans reste physiologique.
Le pathologique
Si la taille a diminué de plus de 6 cm on peut considérer à coup sûr qu’un processus pathologique en est à l’origine et l’ostéoporose en est le principal responsable. Cela est confirmé par des auteurs français dont le Dr Karine Briot (1) qui ont réalisé une étude sur les femmes ménopausées, et analysé les raisons de la diminution de la taille. Un total de 8610 patientes de plus de 60 ans a été recruté. La perte de taille moyenne était de 4,5 cm et l’existence concomitante d’une fracture vertébrale était significativement plus élevée chez les patientes qui avaient perdu au moins 4 cm. Ils concluent que la mesure de la diminution de la hauteur est une méthode précise pour détecter les fractures des vertèbres. Dans une autre étude américaine (2) les auteurs ont constaté qu’une perte de taille supérieure à 5 cm était associée à une augmentation de risque de 50 % pour une fracture autre que vertébrale dont celle du col du fémur.
Quelles conséquences ?
Se mesurer régulièrement ou demander au médecin une mesure de la taille au même titre que celle de la tension
Les 2 études précédentes montrent l’intérêt de la mesure régulière des patients pour détecter les sujets à risque d’ostéoporose. Il ne faut pas se contenter des réponses des consultants souvent erronées : traces d’une première carte d’identité. Un autre intérêt dans cette mesure régulière consiste dans la détection d’une perte rapide de taille sur une courte période signant très souvent une fracture-tassement de vertèbre. Il faut savoir que cet accident passe inaperçu sur le plan clinique dans près de 60 % des cas en l’absence de toute douleur Au Canada un programme (3) de mesure de la taille est en place et demande aux femmes de se mesurer régulièrement à partir de 50 ans de préférence tous les ans. Un avertissement y est inclus incitant celles qui ont perdu 2 cm entre deux mesures ou celles qui ont laissé plus de 6 cm depuis la fin de la croissance de consulter rapidement car il s’agit probablement d’un début d’ostéoporose justifiant un traitement.
Et si votre taille a diminué
Le médecin prescrira généralement des radiographies pour la recherche de tassements vertébraux et une absorptiométrie osseuse pour mesurer la densité osseuse (DMO) pour diagnostiquer une ostéoporose qui n’est pas aujourd’hui une maladie sans traitement, qui se soigne généralement très bien diminuant ainsi de façon très significative la fracture du col du fémur tant redoutée par la personne âgée.
Conclusion
Si vous n’atteignez plus comme auparavant le rayon du placard de la cuisine, c’est que vous avez perdu de la taille et qu’il faut d’abord courir chez votre médecin avant de passer chez Ikea. Avec un peu de chance, le placard était seulement un peu haut pour une perte de taille limitée et physiologique : vous aurez droit à quelques recommandations diétético-hygiéniques et à une supplémentation vitamino-calcique sous forme de complément alimentaire comme Nutros® par exemple sans oublier un contrôle annuel de taille. Avec beaucoup plus de chance, on diagnostiquera chez vous une ostéoporose « silencieuse » qui justifiera un traitement capable de vous « guérir » à temps.
Conseil
Quelles que soient les situations, une prévention de l’ostéoporose est simple mais indispensable et doit commencer tôt avec la limitation de l’alcool, le sevrage tabagique au besoin, la pratique d’un sport avec le maintien d’une activité physique régulière, une alimentation équilibrée, un ensoleillement correct et des laitages. Dès la soixantaine le recours à des compléments alimentaires comportant calcium, vitamine D3, silicium comme Nutros® est suggéré au moins durant les mois d’hiver chez les sujets même bien portants en raison des modifications métaboliques digestives et cutanées liées à un vieillissement débutant de ces organes qui remplissent moins bien leur rôle.
Bibliographie
1 Briot K, Legrand E, Pouchain D, Monnier S, Roux C. Accuracy of patient-reported height loss and risk factors for height loss among postmenopausal women. CMAJ. 2010 Apr 6;182(6):558-62
2 Hillier TA, Lui LY, Kado DM, LeBlanc ES, Vesco KK, Bauer DC, Cauley JA, Ensrud KE, Black DM, Hochberg MC, Cummings SR. Height loss in older women: risk of hip fracture and mortality independent of vertebral fractures. J Bone Miner Res. 2012 Jan;27(1):153-9.
3 Dartmouth Osteoporosis Multidisciplinary Education (DOME) Program http://www.cdha.nshealth.ca/osteoporosis/dartmouth-osteoporosis-multidisciplinary-education-program-dome